COMMENT LES BONS PROJETS ENTRETIENNENT ET PROLONGENT LA VIE.
Et surtout, ils finissent toujours par aboutir ! J’ai eu une fois, la chance de rencontrer le patriarche Kadji Defosso. Ce fut à Ébolowa, lors du dernier comice agropastoral. Par un heureux hasard, nous étions ensemble descendus au KAPSO hôtel. Je l’avais trouvé un soir attablé avec mon ami et grand frère, le sénateur Raymond Mbita Mvaébeme, propriétaire de l’établissement. Lequel m’avait gentiment invité à me joindre à eux. Une fois que j’eus pris place, il me présenta au grand homme d’affaires :
– Voici mon ami Michel Mombio. Il vient de Bafoussam.
– Ah bon ! Comment va Bafoussam ? Me demanda le patriarche.
– Très bien, monsieur le président. Répondis-je.
– Ah, Bafoussam ! S’exclama-t-il, visiblement ému, les yeux brillants.
C’était la première fois que j’avais ainsi l’honneur de prendre place avec un tel monument de l’industrie. Aussi avais-je l’oreille tendue, le sens en alerte. Par expérience, je sais que le commerce d’une telle personnalité est toujours profitable pour qui sait être à la fois attentif et surtout patient. Il demanda de nous servir à boire. Ce fut un embarras pour moi. Mon ami le sénateur ne buvant pas d’alcool, n’avait certainement aucun souci moral à se faire. Quant à moi, ma bière de l’époque était la fameuse « 33 ». Or cette dernière est fabriquée par une entreprise concurrente à la sienne. Je me demandais alors intimement, quelle serait sa réaction. Je me jetais à l’eau rapidement, et commandais cette bière, en guettant sa réaction d’un regard oblique. Il ne pipa mot, ni ne fit aucune mimique. Je retins la première leçon : son offre était sincère. Et comme telle, ne s’encombrait pas de petites considérations de sous quartier…
Lui-même ne commanda rien. Une fois que nos boissons furent servies et que nous y eûmes trempé les lèvres, le père Kadji comme on l’appelle, reprit la parole. Il dit, l’air pensif :
– Ah ! Bafoussam. J’ai un très grand terrain là-bas…
– Celui sur lequel se trouve le dépôt UCB à l’entrée de la ville ? Lui demandai-je.
– Oui. Il va jusqu’en bas, au marécage.
– Je vois…Répondis-je.
– Je ne sais pas où je prendrai de l’argent pour investir dessus… Dit-il avec un regret non feint dans la voix.
N’eût été son regard soudainement pensif, sérieux et grave, j’aurais juré qu’il se moquait de moi ! Comment un homme aussi riche pouvait dire une telle chose, me demandai-je au fond de moi. Tout comme je me demandai comment un homme de cet âge (Il avait 80 passés) pouvait encore avoir de tels projets. En fait, il me rappela du coup un autre grand homme, l’honorable Monthé Kouobité Jean. Celui-là même dont le collège fut dynamité à Yaoundé. Je l’avais un temps côtoyé. Nous étions très proches. J’avais alors noté qu’il était toujours sur la prospective, multipliant les projets tous les jours. À 70 ans passés. Par association d’idées, je fis le rapprochement avec lui, et la leçon me vint spontanément : une des clés de leur longévité est l’espoir. Cet espoir que demain sera toujours meilleur. Cet espoir qui les pousse à créer toujours plus de richesses, à se lancer de nouveaux défis.
Bien sûr que leurs moyens leur permettent de s’offrir les meilleurs soins. Bien sûr que leurs moyens leur permettent de s’offrir les meilleurs plats, qu’ils goûtent cependant avec modération. Mais je me suis fait une idée : c’est leur capacité à voir l’avenir avec optimisme, qui les tient debout. Les spécialistes ne disent-ils pas que la meilleure pharmacie est dans la tête ! Eux que nous voyons au bord de la tombe, se voient aux portes de leur prochaine entreprise… Ils restent positifs, là où nous sombrons dans l’aigreur et le désespoir.
Que doit retenir le Militant Réaliste de ceci ?
– Crois en toi, en tes projets. Quelque soit le nombre de fois où tu échoueras, garde l’esprit positif.
– Considère toujours le côté plein du verre. C’est-à-dire en l’espèce, du Cameroun, ton pays.
– Tu finiras par réussir.
Comme le père Kadji Defosso…
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Michel Mombio journaliste émérite ayant travaillé et collaborré avec plusieurs journaux tel LE MESSAGER , plusieurs fois arreté pour la perinence de ces écrits. Michel Mombio est aujourd’hui expert et consultant en communication et en politique et en question de developpement sans oublié qu’il est aussi DG, à Groupe L’Ouest Républicain et son Directeur de la publication, à L’Ouest Républicain