ATHENES (Reuters) – Le nouveau gouvernement grec n’a pas l’intention de coopérer avec la mission de la “troïka” formée par l’Union européenne, la BCE et le Fonds monétaire international et ne demandera pas une extension du programme d’assistance financière, a déclaré vendredi le nouveau ministre des Finances.
Yanis Varoufakis, qui s’exprimait lors d’une conférence de presse commune avec le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, en visite à Athènes, a expliqué que les électeurs grecs avaient mandaté le nouveau gouvernement sur cette base.
“Cette plate-forme électorale nous a fait gagner la confiance du peuple grec. Notre première initiative gouvernementale ne sera pas de rejeter la logique de la remise en cause du programme (d’assistance financière) en demandant son extension”, a-t-il dit.
Le programme d’assistance à la Grèce, prolongé de deux mois, expire le 28 février. Les deux parties décideront de la suite avant cette date butoir, a dit Dijsselbloem.
Le président de l’Eurogroupe a également dit que les partenaires d’Athènes au sein de la zone euro étaient prêts à poursuivre leur soutien à la Grèce jusqu’à ce qu’elle ait de nouveau accès aux marchés obligataires, mais “à condition que la Grèce se conforme pleinement aux conditions et aux objectifs du programme” d’assistance.
Varoufakis et Dijsselbloem ont tous deux qualifié de “constructives” leurs discussions, qui ont duré une heure. Mais leurs échanges ne semblent pas avoir rapproché les positions divergentes d’Alexis Tsipras, le nouveau Premier ministre grec qui veut tourner la page après cinq ans d’austérité et renégocier une dette représentant 175% du PIB, et de ses partenaires européens, qui estiment qu’Athènes doit respecter ses obligations.
Jeroen Dijsselbloem a mis en garde le nouvel exécutif grec contre toute tentation de mesure unilatérale. Il appartient au gouvernement grec d’exprimer sa position “avant que nous puissions progresser ensemble”, a-t-il poursuivi.
La Grèce attend encore le versement de 7,2 milliards d’euros, l’ultime tranche des programmes d’assistance d’un montant total de 240 milliards négociés depuis la crise de 2009.
Varoufakis n’a pas précisé comment la Grèce, qui devra rembourser quelque 10 milliards d’euros d’obligations arrivant à échéance cet été, ferait sans nouvel accord.
Le ministre des Finances, qui multiplie les rendez-vous depuis la formation du gouvernement, se rendra pour sa part dimanche à Londres, où il rencontrera son homologue britannique George Osborne et des investisseurs, puis lundi à Paris, où il discutera avec les ministres des Finances et de l’Economie Michel Sapin et Emmanuel Macron.
Mardi, il sera à Rome, de même qu’Alexis Tsipras, qui espère trouver un allié en la personne de Matteo Renzi, le président du Conseil italien partisan d’un infléchissement de la politique d’austérité à l’échelle européenne.
L’alternance grecque sera aussi au menu du dîner de travail prévu ce vendredi soir à Strasbourg entre Angela Merkel, François Hollande et le président du Parlement européen, Martin Schulz, qui était jeudi à Athènes.
(avec Renee Maltezou; Wilfrid Exbrayat et Henri-Pierre André pour le service français, édité par Marc Angrand)