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Qui veut la mort de Me Lydienne Eyoum-Loyse ?

Lors de la visite de François Hollande au Cameroun le 3 juillet dernier, le président camerounais a soutenu la thèse officielle selon laquelle l’avocate française d’origine camerounaise avait détourné une partie des 2 milliards qu’elle a été chargée de recouvrer pour le compte de l’Etat du Cameroun. Pourtant, d’après une correspondance adressée en janvier 2005 par le ministère des Finances de l’époque au Premier Ministère, la conservation par Me Lydienne Eyoum d’une partie de cette somme se justifiait bel et bien.

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Mais que diable fout Me Lydienne Yen Eyoum en prison? Est-on tenté de se demander après avoir parcouru la correspondance datée du 19 janvier 2005 (voir ci-dessous) que le ministre de l’Economie et des Finances de l’époque a adressée au secrétaire général des services du Premier Ministre. Dans cette correspondance, Polycarpe Abah Abah (en prison pour malversations financières mais dans le cadre d’une autre affaire), après un bref historique de cette affaire qui opposait depuis 1994 l’Etat du Cameroun (le ministère des Finances) et la Société générale de banques au Cameroun, a conclut sans équivoque qu’il « ne trouve aucune objection à ce que les conseils et les huissiers perçoivent leurs dûs, les montants en cause n’étant ni plus ni moins que des frais de procédure admis par des tribunaux et supportés par la banque ».
D’après l’ancien ministre, la somme de 2 155 971 808 F Cfa recouvrés par les soins de Me Eyoum courant décembre 2004 était réparti entre l’Etat (1 509 618 453 F Cfa) et les auxiliaires de justice (1 096 353 355 F Cfa). Récapitulatif : non seulement Me Lydienne Eyoum était en droit de conserver les fonds dont le détournement lui est imputé (1 077 000 000 f Cfa) mais aussi, au regard de la répartition des montants, on se rend à l’évidence que l’avocate a conservé moins et reversé plus qu’il n’en fallait à l’Etat du Cameroun. De plus, en parlant de « tribunaux », le ministre Abah Abah faisait allusion au jugement du tribunal de première instance de Douala Bonanjo rendu par un juge du contentieux de l’exécution le 14 décembre 2004. Lequel jugement a décidé d’une telle répartition de la somme recouvrée.
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On est donc bien loin de la lecture qu’en a fait le chef de l’Etat camerounais le 3 juillet dernier lors de la visite de François Hollande au Cameroun. Paul Biya déclarait à cette occasion que mandatée par l’Etat pour recouvrer une somme de 2 milliards de F Cfa, Me Lydienne Eyoum n’en a reversé que la moitié au Trésor public et a conservé l’autre moitié. D’où le détournements de deniers publics pour lequel elle purge une peine de 25 ans de prison à Yaoundé. La réalité est donc tout autre au regard de cette correspondance de Polycarpe Abah Abah. Ce dernier, co-accusé de l’avocate française dans cette affaire, a été acquitté le 26 septembre 2014 par le Tribunal criminel spécial de Yaoundé. L’acquittement a même été confirmé par la Cour suprême le 9 juin dernier. L’ancien ministre des Finances était, à travers cette correspondance, soupçonné de complicité avec l’avocate.

Pour son avocate, maître Caroline Wasserman, cette somme correspond à des honoraires.Elle dénonce une « magouille » entre l’Etat et la banque sur le dos de Lydienne Yen Eyoum :

Je suis sous le choc et scandalisée par cette décision qui est parfaitement inique. Bien sûr, on va continuer à travailler sur ce dossier avec notamment les instances du Quai d’Orsay, voir si des négociations peuvent s’ouvrir pour essayer de trouver une solution. Sauf qu’on a une difficulté, c’est que Lydienne m’a déjà fait savoir qu’elle refuserait une grâce présidentielle. Donc je ne sais pas comment les choses vont tourner, mais c’est vrai que nous sommes particulièrement inquiets et scandalisés .

si nous poussons encore plus loin nous savons que , dans son cabinet situé au quartier Akwa à Douala, Maître Black Yondo Mandengue, ancien bâtonnier de l’ordre et avocat au barreau du Cameroun est préoccupé.

Pour l’heure, je suis quelque peu embarrassé quant à l’exercice du recours en grâce qu’il faut adresser au chef de l’Etat. Sa déclaration à l’occasion de la visite du président Hollande donne à penser qu’il est convaincu que Me Yen Eyoum a commis le crime de détournement de deniers publics qui lui est reproché, emboitant ainsi le pas à la cours suprême. Dans ces conditions, accorder la grâce serait verser dans l’arbitraire, alors que d’autres Camerounais, coupables du même crime continuent de croupir dans les geôles de la République. Ce n’est pas de ce Cameroun, ni de cette justice que nous voulons. rappelait-il a nos confreres

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