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CAMEROUN : lutte contre BOKO HARAM. Entre 10 000 à 30 000 casques bleus bientôt au Cameroun ?

CAMEROUN : lutte contre BOKO HARAM. Entre 10 000 à 30 000 casques bleus bientôt au Cameroun ?

 Les dessous d’un montage étrange qui pourrait servir à conforter la secte Boko Haram comme puissance de sécession dans le golfe de Guinée.

soboth                                  Par Jean-Marc Soboth

La franc-maçonnerie française s’est-elle immiscée dans les arcanes de la récente rencontre de ministres des affaires étrangères d’ex-colonies à Niamey? Bien malin serait qui révèlerait la main invisible qui, comme par la baguette magique, a érigé sur les fonts baptismaux la plate-forme éclair de Niamey contre Boko Haram dans continent où les anciens colonisés, sans contacts véritables entre eux, n’agissent qu’à la commande des Occidentaux.

bokoLe ministre camerounais Pierre Moukoko Mbonjo, patron de la section camerounaise de la Grande Loge Nationale de France (GLNF) a en effet été promu porte-parole de ce groupe de pays mobilisés par la diplomatie française pour demander — à la même France notamment — de porter à l’ONU une résolution ayant pour but d’envoyer une force multinationale dans le golfe de Guinée contre la secte Boko Haram…

Cette force internationale sera officiellement africaine. C’est la formule servant à tromper ceux qui se rappellent un peu trop que l’OTAN a détruit des pays africains en 2011 sous divers prétextes humanitaires. Le Niger, réservoir d’uranium au service du «leader mondial du nucléaire civil» n’a peut-être pas été choisi au hasard. C’est un «pays sûr» pour Paris.

C’est que, la force multinationale qui pourrait compter entre 10 000 et 30 000 éléments (selon certaines sources à l’ONU) ne sera pas aussi Africaine que l’eurent souhaité les pères fondateurs de l’Union Africaine mais une sorte de mélange cosmopolite à but d’interposition chargé, d’une manière ou d’une autre, d’entretenir le fléau Boko Haram dans une évidente optique de contrôle militaire ou de sécession dans une région qui, peut-être, n’a pas fini de révéler les secrets de son riche sous-sol…

Il suffit pour le comprendre d’en interroger le modus operandi et les bailleurs de fonds. On comprend dès lors les mobiles de la récente mobilisation internationale «spontanée» au cours de laquelle des responsables canadiens de l’organisation Amnesty International confiaient déjà aux médias montréalais l’imminence d’une intervention humanitaire de la communauté internationale quasiment honnie en Afrique après les saccages libyen et ivoirien, voire l’enlisement durable sahélien, congolais, somalien…

Disparue des radars.

Disparue des radars, la très bureaucratique Union Africaine (UA) dont la présidente de commission, Nkosazana Dlamini-Zuma, a pour seul vrai bilan d’avoir cité une ou deux fois le Panafricaniste jamaïcain Marcus M. Garvey, est réapparue. L’ex-ministre des affaires étrangères d’Afrique du Sud surfe désormais sur la même vague que le président ghanéen John Dramani Mahama, autre zélateur nègre d’un Occident humaniste imaginaire.

Tout se passe selon les prévisions de la diplomatie française qui pilote la manoeuvre sur le dos des autorités nigérianes et camerounaises. Yaoundé est, depuis, pris dans l’étau du coût exorbitant d’une guerre étrange qu’aggravent l’envie des apparatchiks tribaliser à tout prix la guerre (Nord contre Sud) et le persiflage de journalistes français montant en épingle la «puissance de frappe» de la secte salafiste en passant sous le boisseau les faits d’armes de sa vaillante armée malignement qualifiée d’inexistante. L’ONU se présentait ici, d’abord, comme la solution financière contre Boko Haram.

À Niamey, la France a fait savoir son intention de coordonner le renseignement de la coalition armée. Qui le lui refuserait puisque Paris dispose de drones destinés à ses anciennes colonies? Cette donne permettrait-elle aux services secrets français de mieux informer l’ennemi dans le cadre du double jeu séculaire dont on a apprécié les spectaculaires prouesses en Côte d’Ivoire et au Mali ? On le craint. Preuves à l’appui.

L’annonce de l’envoi d’une force multinationale profrançaise au Cameroun amorce peut-être le vieux rêve gaulliste d’une base militaire française au Cameroun aux confins du Nigéria. En tout cas, l’annonce d’une force multinationale appuyée par la France sera sans doute faite à Yaoundé, au cours de la première semaine de février 2015, à l’occasion de la réunion du conseil de paix de l’Union Africaine…

Mais, même si le projet a d’ores et déjà obtenu l’aval du secrétaire général de l’ONU, M. Ban-ki Moon, il existe quelques imprévus.

Éléments imprévus.

D’abord l’entrée en scène de l’armée tchadienne dans le septentrion camerounais. Elle semble s’être faite sur un coup de tête du président Idriss Déby, c’est-à-dire sans l’aval de la France. L’homme que félicitait récemment le président François Hollande pour son rôle dans la lutte contre Boko Haram (!) aurait, par l’envoi de troupes (très applaudies !) au Cameroun, doublé l’opération française Barkhane. Ndjamena abrite pourtant le QG de cette opération qui est appelée à jouer le rôle central dans la manœuvre.

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian s’en mordrait encore les doigts. Il est en effet possible que le tandem Biya-Déby ait voulu compliquer la tâche d’une force multinationale du double jeu techniquement manipulée par l’armée – et la diplomatie – françaises. Au dessus de tout : le Nigéria, principalement frappé par la secte salafiste. Bien que traversant une période électorale cruciale, Abuja ne veut rien entendre d’une quelconque force multinationale même soi-disant africaine contre Boko Haram.

Des voix qui comptent au Nigéria à l’instar du général Yakubu Gowon, ancien chef d’État, dénoncèrent l’administration Obama à cet effet. Gowon combattit l’armée française lorsque cette dernière appuya massivement la sécession armée de la province pétrolière du Biafra dans les années 70. Il a publiquement exigé que les Américains notamment ne soient plus considérés comme alliés du Nigéria dans la lutte contre Boko Haram. Il y a mieux. Le conseiller national en matière de sécurité, l’ancien colonel Sambo Dasuki, a scandé, il y a quelques jours, la position du Nigéria sur le débat d’une force multinationale contre Boko Haram.

Dans une interview à la radio BBC World Service reprise par le quotidien nigérian Vanguard, le Monsieur Sécurité a officiellement rejeté l’idée d’une coalition armée de l’ONU ou de l’UA sur le territoire nigérian insistant sur le fait que le Nigéria peut, tout seul, venir à bout de la secte.

On l’a tous compris. Les Nigérians savent de quoi ils parlent.

Jean-Marc Soboth

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