Me hadoulaye harissou Vous êtes accusé des écrits dans lesquels vous faites outrage au chef de l’Etat…
Je ne sais pas ce qui m’est reproché dans la mesure où la lettre dont on parle, je l’ai découverte à la Dgre et au Sed au cours de l’enquête.
Vous seriez également retenu pour complicité présumé d’un assassinat, de port et détention d’armes et munitions de guerre…
Je ne sais pas qui a assassiné qui. Où sont le ou les auteurs de ces assassinats dont je suis le complice ? Aucune arme ni munition n’ont été trouvées entre mes mains. J’ai été arrêté dans le bureau du gouverneur de l’Extrême-Nord portant juste ma gandoura et rien d’autre. Je n’avais même pas une pièce d’identité. J’ai été embarqué dans un avion accompagné d’une bonne douzaine d’éléments de la Drge conduit par M. James Elong Lobé. Celui-là même qui a pris possession de Guerandi aujourd’hui porté disparu à l’aéroport de Douala d’après votre confrère Jeune Afrique.
Vous auriez aussi fait montre d’hostilité contre la patrie…
Je ne suis ni l’auteur ni le complice d’aucune manœuvre ou d’opérations de guerre contre la patrie. Je n’ai dirigé ou participé à aucune organisation. A la Dgre, le directeur des opérations, James Elong Lobé et ses collègues se sont obstinés à me forcer à déclarer que j’ai envoyé Aboubakar Sidiki en mission en Rca, ce que j’ai fortement et constamment nié. Et qu’ils ne sont jamais arrivés à prouver parce que ce n’est que la stricte vérité. De toutes les façons, c’est ridicule…
Il se dit que vous prépareriez une révolution…
C’est la première fois dans le monde que deux individus sans armes, ni munitions organisent une révolution. Toute révolution demande la mobilisation et l’adhésion du peuple. Ce qui ne peut passer inaperçu ni pour la police ni pour les populations, ni pour les journalistes. A l’examen des infractions ci-dessus qu’on voudrait absolument me coller, il est aisé de comprendre que c’est un complot ourdi par certains éléments de la Dgre instrumentalisés.
Pouvez-vous étayer cette grave accusation?
En effet: Aboubakar Sidiki a été arrêté le premier et j’ai été interpellé-vingt-un jours après. Si nous avions organisé quelques actions ensemble, pourquoi ne nous a-t-on pas arrêté le même jour lui étant à Douala, moi à Maroua ? Plusieurs personnes m’ont demandé de fuir et certains proches de la Dgre, pour peut- être m’interpeller à l’aéroport en prétextant ma fuite ou me laisser fuir pour arrêter un certain nombre de personnes qu’ils pensent être du «réseau Marafa» et mettre un compte sur le dos de Marafa et de certains responsables, notamment du Nord.
Qu’est-ce qui vous fonde à le croire ?
A la Dgre et au Sed, c’était l’«affaire Aboubakar Sidiki et consorts», subitement au Tribunal militaire, l’affaire est devenue « Affaire Me Harisou et les 9 autres » que je ne reconnais pas. Des trois journalistes/je ne connais que Baba Wamé à qui j’ai dit que la Dgre’ est en train de monter un complot contre ma personne ‘en instrumentalisant un coupeur de route qui est entre ses mains et qu’ils veulent exfiltrer après leur basse besogne. Est-ce là la non-dénonciation? Où sont les auteurs qui se trouvaient entre les mains de la Dgre? (comme je peux le prouver) ! Je suis une personnalité du notariat international. Pendant l’année 2013, je me suis déplacé hors du Cameroun au moins une fois par mois et je peux le prouver. Quand est-ce que j’ai organisé une hostilité ou une révolution ? N’ayant jamais mis pied en Rca quand et comment ai-je été complice d’un assassinat ? Que vais-je chercher dans une aventure ? Je ne suis pas militaire. Je n’ai aucune connaissance militaire. Je ne suis en contact avec aucun militaire ou groupe de militaires. Suis-je si bête et idiot pour entrer dans un complot que je ne pourrais pas maîtriser ?
Depuis que j’ai démissionné de l’Udc en 2007, je ne fais plus de politique. Je me suis entièrement consacré à ma profession. J’ai écrit deux livres : 2011 — « La terre, un droit humain » Edition Dunod préfacé par les présidents Chirac et Abdou Diouf, consacré à l’accès à la propriété foncière des plus vulnérables en Afrique et dans les pays en développement. «Les enfants fantômes » en 2014 coécrit avec mon collègue français Laurent Dejoie, président de l’Association du notariat francophone (Anf) ‘Edition Albin Michel’ préfacé par le ministre Robert Badinter. Ces deux livres ont connu un gros succès qui m’occupe entre conférences et colloques. J’écris aussi des articles et interventions sur l’Ohada et les problèmes fonciers en Afrique. Je coordonne une commission sur un projet de loi francophone sur le titre sécurité simplifiée (Tss) parrainé par les parlements francophones africains (Apf). Que vais-je chercher dans un complot contre la patrie, dans quel but ?
Qu’est-ce qui fait donc problème à votre avis?
En réalité, comme je suis connu au plan international, il fallait me « neutraliser » comme il est bien écrit dans un rapport envoyé par la Dgre à la Présidence la République…
Comment le savez-vous ?
La Dgre est convaincue que c’est moi qui fais le lobbying de Marafa et gère sa supposée fortune. Donc il fallait m’éliminer. Voilà la raison principale de mon arrestation et de mon incarcération.
Mais pourquoi vous ?
Comme d’énormes sommes d’argent sont consacrées au suivi et à la filature des hommes proches de Marafa, il fallait justifier ces sorties d’argent entre autres. Je suis prêt à passer devant le juge d’instruction pour m’expliquer le plus sereinement possible parce que la Dgre n’est pas une instance judiciaire et le Sed s’est basé sur des « fausses enquêtes » pour m’interroger un dimanche et sans la présente de mes avocats.
N’est-ce pas un peu simpliste comme argument ?
Dans mon entendement, aujourd’hui avec l’insécurité qui s’est installée à nos frontières de l’Extrême-Nord et de l’Est, les responsables de la sécurité font sortir d’énormes sommes d’argent des caisses de l’Etat. Ils présentent de faux rapports au chef de l’Etat; l’effraient et obtiennent des autorisations pour des sorties d’énormes sommes. Dans mon cas, présenté comme le cerveau du réseau Marafa depuis trois ans, comme l’homme qui fait son lobbying à l’extérieur et gère sa supposée fortune, j’étais donc un hameçon idéal permettant de pêcher de gros montants.
Tout ça pour Marafa, un homme qui purge une peine de prison?
La Dgre et ses commanditaires feraient trois coups : me neutraliser, donc arrêter ou handicaper les activités du réseau Marafa. Impliquer Marafa dans une rébellion ou dans des activités de déstabilisation de l’Etat. Ils ont essayé quand il était au gouvernement en disant qu’il entretient 6.000 rebelles à l’Est du Cameroun. D’ailleurs à la Dgre, le commissaire James Elong m’a demandé de déclarer que Marafa m’a donné une mission de déstabilisation. Ce que j’ai refusé puisque c’était faux. En m’incitant à fuir par l’intermédiaire de plusieurs personnes dont un de vos confrères, ils auraient eu la latitude de faire une véritable purge en arrêtant toutes les personnalités jugées dangereuses pour eux.
Mais comment des journalistes sont-ils impliqués dans cette affaire?
C’est justement parce que Baba Wamé l’a annoncé dans Apa News que les responsables de cette exfiltration sont devenus furieux et s’en prennent avec autant de hargne aux journalistes qui, pensent-ils, ont l’information afin qu’ils ne la publient pas. Sinon comment comprendre que la Dgre ait eu entre les Mains celui qu’il présente comme l’auteur des attaques de l’Est, le nommé Ali Gamba alias Ali Dougsaga et qu’elle l’ait exfiltré? Nous en avons les preuves et ne nous ferons pas prier pour les exhiber.
Cette affaire dépasse donc, selon vous, votre modeste personne ?
Je nie tous les faits qui me sont reprochés. Je ne suis pas militaire et n’ai aucune compétence, ni aucune relation militaire me permettant de mener une activité de déstabilisation du Cameroun. Je n’ai aucune relation ni aucune activité, ni aucune familiarité avec Aboubakar Sidiki qui déclare d’ailleurs être allé en Rca pour ses affaires et n’avoir jamais eu de contact avec moi qui ne savais même pas qu’il y était… Par conséquent, tout. ceci n’est qu’un montage de la Dgre qui a sorti d’énormes sommes d’argent qu’il faut justifier aux yeux du chef de l’Etat et éliminer des éventuels présidentiables candidats à la succession de Biya.