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Cameroun – Primature: Un éperviable nommé Siaka pressenti

Le nom de l’ancien administrateur-directeur général de la Société anonyme des brasseries du Cameroun (Sabc) circule, dans le sérail, comme l’oiseau rare pour remplacer Philemon Yang à la primature. Seulement, le milliardaire de Bandjoun (région de l’Ouest) traîne comme un boulet de nombreuses frasques.

L’édition du mercredi 4 mars du quotidien La Nouvelle Expression annonce des secousses en perspective dans les prochains jours au sein du sérail. Selon cette publication, l’actuel Premier ministre, Philemon Yang, pourrait être dégommé de son fauteuil pour laisser la place à un homme nouveau, plus dynamique, un ancien directeur général de société, pur produit français. La raison ? On apprend que, manifestement, le président de la République camerounais «est pour l’apaisement des relations entre la France et le Cameroun, après toute polémique qui a brouillé le ciel entre les deux pays ces derniers mois au sujet de Boko Haram».

Suffisant, pour que tous les regards se dirigent vers André Siaka, un polytechnicien sorti de Paris et ancien administrateur directeur général de la Société anonyme des Brasseries du Cameroun (Sabc). De nombreux analystes, qui manifestent leur désir pour l’ascension de l’ex patron de la Sabc André Siaka, à la retraite depuis quelques mois et qui se mure désormais dans l’anonymat, n’en démordent pas. Après plus d’un quart de siècle à la tête de l’une des puissantes entreprises brassicoles du Cameroun, le prédécesseur de Francis Batista, laisse-t-on dire, peaufine depuis longtemps sa stature politique.

Avec ses 15 ans passés à la tête du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), cette expérience, de plus, est perçue comme un atout pour un positionnement au sein de l’Exécutif. Ce qui serait pour lui une consécration et une victoire sur ses détracteurs.

Seulement, si le natif de Bandjoun souhaite bien s’emparer de la primature, cela compliquera la redistribution des rôles au sein de l’échiquier : il faudrait libérer au moins certains pans de pouvoir tel que le poste de président du Sénat, actuellement occupé par Marcel Niat Njifendji, un autre fils de l’Ouest dont le retrait dans son château de Bangangté est souhaité pour, dit-on, être plus près de sa ferme agropastorale de Nkafen. En dépit des preuves de fidélité sans faille à l’homme du 06 novembre 1982, les choses tourneraient résolument en direction de M. Siaka.

Dans les commentaires qui meublent actuellement les salons huppés de la capitale, il se dit la nomination d’André Siaka serait considérée comme une insulte à tout un pays, son départ de la Sabc ayant laissé – pour dire le moins – un goût de souffre. On en veut pour preuve la lettre du Pdg du groupe Castel en Afrique, Guy De Clercq, certainement au parfum de l’incurie érigée en mode de gestion, et qui instruisait déjà au successeur de M. Siaka de procéder à une visite de toutes les usines, régions commerciales et filières de la Sabc. «Il analysera l’organisation les directions fonctionnelles et, d’une manière générale, recherchera tous les facteurs pouvant améliorer la performance des structures opérationnelles et fonctionnelles. A l’issue de sa mission, Monsieur Batista devra rédiger un rapport à l’attention de la direction générale. Ce rapport sera bien entendu communiqué à la direction générale de Sabc. Nous vous remercions d’en informer vos collaborateurs. Nous vous prions d’agréer, cher Monsieur, l’expression de nos meilleures salutations», pouvait-on y lire.

En effet, à travers cette correspondance, le patron du groupe Castel en Afrique souhaitait un retour à l’orthodoxie managériale au sein de cette société. Avec raison d’ailleurs, au regard des dérapages managériaux dont était accusé M. Siaka en matière de fraude fiscale. On a encore en souvenir l’affaire des 7.647.271.800 Fcfa, sortis des caisses des Brasseries pour régler les différentes amendes et autres infractions au niveau de la Douane, mais qui ont pris des chemins tortueux…


Un prince nu
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Pour la petite histoire, c’est une mission de contrôle, effectuée en juin 2001 sur les produits fabriqués par les Brasseries du Cameroun sous les régimes de la Tva et des droits d’assise (Da), pour les exercices 1997/1998, 1998/1999, et 1999/2000, composée de Diyouckey Eugène Prosper, Ndogo Edjana Olivier, Nkendo Augustin et Siade Assobo Antoine, qui a permis de découvrir le pot aux roses. Une plainte avait d’ailleurs été adressée, le 13 mai 2013 au ministre des Finances (Minfi), faisant état de ce que la Sabc était redevable envers le Trésor public d’une somme de 3.961.860.082 Fcfa, hors pénalités.

Inutile de rappeler qu’à l’issue dudit contrôle, trois infractions seront relevées : des exportations sans déclaration ayant entraîné des droits compromis de 1.187.930.644 Fcfa ; des violations de la réglementation des charges, qualifiées d’exportations sans déclaration pour les marchandises, d’une valeur de 16.600.000.000 de Fcfa ; des réimportations sans déclaration d’emballage pour une valeur totale de 7.647.271.800 ayant entraîné des droits compromis évalués à 3.258.381.438 Fcfa. Soit un total compromis évalué à 47.446.312.082 Fcfa.

Seulement, sur instruction du Minfi de l’époque, les Brasseries du Cameroun ne vont payer que 484.452.000 Fcfa pour la liquidation immédiate des droits compromis découlant de la première infraction, 242.252.000 Fcfa représentant les amendes pour la première infraction (50%). Les deux autres infractions seront passées par pertes et profits. Ce qui donne une différence de 3.961.860.082 Fcfa (4.446.312.082 – 484.452.000 Fcfa), représentant le montant des droits restants dus par les Brasseries. Vous avez dit gouvernance version Siaka ! Dans tous les cas, avec autant de dérapages comment penser que l’ex-manager aura été un gestionnaire pointilleux ? Pour avoir réussi l’exploit de piétiner le Code des douanes de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac) permettant la distraction de 7 milliards de Fcfa, M. Siaka mérite le poste de Pm au Cameroun. De quoi perdre son latin !

PAR Yves Marc Kamdoum de météo

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